De l’église missionnaire à l’église fonctionnaire, Par Jean Willer Marius.

De l’église missionnaire à l’église fonctionnaire

  • Par Jean Willer Marius.
  • Bienvenue dans le domaine où le rationnel perd pied au profit de la foi. “

Campé dans une dimension qui transcende l’entendement humain, Dieu s’est choisi un peuple d’après ses propres critères non discutables pour qu’il soit son représentant sur terre face à un monde dont le cœur était tourné chaque jour davantage vers le mal. Pour implémenter ce projet, Jésus s’était fait chair, Dieu était devenu homme pour tracer cette ligne de démarcation marquant la séparation des deux peuples.

C’est ce groupe restreint, séparé, retiré du monde qu’on appelait l’église. Il se faisait harceler par leur mode de vie simple, leur effort constant pour accomplir la parole de Jésus le Christ leur a valu le surnom ironique de chrétien. Sans défense parmi les hommes, ils étaient pourchassés, arrêtés, battus, jetés en prison sous de fallacieux prétextes, la seule loi qui prévalait était de s’aimer les uns les autres et même, comble de surnaturel, d’aimer leurs ennemis, de tourner l’autre joue, ils étaient donc considérés comme fous parce que nageant à contre-courant du monde impie.

Pauvres au possible, carburant à la foi, les premiers chrétiens se contentèrent du peu que le seigneur mettait sur leur table, leur credo: si nous avons le manger et le boire, cela nous suffit, car à chaque jour suffit sa peine; leur travail essentiel consistait à prêcher l’évangile six jours sur 7 et chaque sabbat, ils se réunissaient pour louer Dieu pour la semaine écoulée, partager leurs expériences, faire des provisions pour la prochaine semaine, car là où il y avait des âmes à sauver, ils voyaient  déjà un champ blanchi pour la moisson.

Il n’y avait pas de pape ni de chef, donc apolitique, l’argent n’avait aucune importance, car ils étaient des itinérants qui se vouaient au culte de leur seigneur. Pas d’université pour étudier Dieu, car la lumière salvatrice jaillissait du Saint-Esprit. La multitude qui avait cru n’était qu’un cœur et qu’une âme; ils mettaient tout ce qu’ils avaient en commun, puis, revêtus de costards, Bible en main, les mercenaires sont arrivés.

Ils ont tout chamboulé, la chaire devient un comptoir, on ne peut plus désormais faire un pas dans leurs églises sans payer pour s’asseoir, sans payer pour se lever, tout est devenu marchandise.

La dîme récoltée par des versets bibliques pour qu’il y ait de la nourriture dans la maison est gérée par des principes comptables païens. L’église est devenue une organisation de simple expression nominale. Stratif, politique, une église perdant sa mission première : le salut de l’âme.

Pour se donner bonne conscience, on calque le nom du Seigneur sur tous les principes inhumains, et anti-chrétiens, qui président à nos éternelles destinées. Comme toute organisation païenne l’église est sans pitié, dépourvue de charité, la veuve et l’orphelin ne se sentent plus à leur place dans ce défilé de mode, cette luxure, tout cet apparat qui se montre au fil des sabbats qui perdent en sainteté dans le culte offert à l’humble Nazaréen.

La lumière devrait provenir de l’intérieur pour s’étendre vers l’extérieur, aujourd’hui, on ne fait plus de différence entre ‘le parler mondain’ et ‘le parler chrétien’. Tout devient menaçant, et menaces pour soutirer de l’argent, l’enfer en prime, pour les récalcitrants.

Les grandes idées politiques du monde sont débattues à l’église, les valeurs du monde sont prêchées du haut de la chaire, il n’y a plus aucune différence, l’église se paganise, on est donc en droit de penser que bientôt d’autres interdits tomberont au nom de l’amour pour tous.

C’est naturellement que le QG, l’église nord-américaine, se vide de ses habitants locaux, qu’elle demeure un repaire pour les personnes à l’épiderme foncé, desquelles personnes on tire le dernier denier que l’impôt a épargné, au nom de Jésus.